Alors que certaines plaies sont encore ouvertes, la course effrénée du temps nous entraine bon gré mal gré à cette date qui évoque de funestes souvenirs où nos coeurs endoloris nous ramènent à notre triste humanité.
Plus d’un, d’entre nous, carbure encore à l’amertume et les échos commémoratifs qui se résument au dépôt d’une gerbe de fleurs et à un discours où les mots sonnent faux ,de ce regrettable évènement ne sont pas pour nous rassurer. Ce jour, nous avions mesuré notre grandeur et nous l’avions trouvée infinitésimale, nous avions mesuré nos forces et nous avions constaté combien faibles nous étions en réalité.
9 ans plus tard, nous attendons encore cette personne qui devrait rentrer et qui ne l’a pas fait depuis. Sans dépouille à inhumer, à dire un dernier au revoir, le deuil risque d’être difficile. Certains de nos proches sont parties avec le sentiment, suite à une malheureuse dispute d’un quelconque mauvais jour, que nous ne les aimons pas. Nous avions à plusieurs reprises, au cours de la funeste journée, tenter de nous excuser, de lui expliquer que nous ne pensions pas nos paroles blessantes mais l’orgueil qui caractérise nos relations volcaniques ont pris le dessus. Ce soir, peut-être nous le ferons, quand il rentrera. Et le décompte de ces 36 secondes meurtrières a fini de nous rendre à l’évidence; il ne rentrera pas ce soir…ni les autres soirs, d’ailleurs.
Dès lors, nous réalisons combien grande était la place qu’il occupait dans nos coeurs, à la profondeur de ce fossé creusé par son absence. Nous comprenons qu’en nous, il y a un vide qui a la forme du disparu et nous nous lamentons, continuons de survivre, tant bien que mal.
9 ans plus tard sommes-nous assagis? Combien de nous se sont disputés ce matin encore ou qui n’ont pas su enterrer la hache de guerre et les vieux démons avec? Tendre le rameau d’olivier ou desserer le poing?
Je ne sais pas ce que vous ferez ce soir, je vous suggère au mieux de réunir toutes vos amours, de les serrer dans vos bras,de leur rappeler votre amour, combien nous sommes faibles et insignifiants, que nos querelles sont vaines et combien nous serions malheureux sans eux.
Au pire,appelez-les . Si les circonstances de la vie et des milliers de kilomètres vous séparent, dites-leur que quelque soit l’endroit où ils se trouvent votre amour les accompagne. Comme cette mère qui préfère son fils incarcéré que mort. Dites-leur peu importe la distance, pourvu qu’ils respirent encore.
Cela me semble être une bonne idée pour noyer le chagrin et montrer un peu de reconnaissance à ce Dieu qui nous as maintenus en vie, que l’on y croit ou pas ce n’est pas le plus important. Lui, il veille sur nos pas et c’est l’essentiel.